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Rouler à l'énergie solaire : projet révolutionnaire made in Corsica

Vu dans la presse (Corse Matin du 16 décembre 2012) : accompagnée par l'Incubateur de Corse, la jeune entreprise Corsica Sole envisage d'implanter sur l’ensemble du territoire insulaire un réseau de mille bornes de recharge dévolu aux voitures électriques et hybrides qui vont fonctionner au photovoltaïque.

La Corse ne sait pas faire parler que la poudre. Elle sait aussi faire preuve d'inventivité et peut même nourrir l'ambition de servir de modèle dans le domaine de l'innovation énergétique et environnementale. Ainsi, une jeune entreprise, dont le siège social est situé à Pancheraccia, le village commun à ses créateurs, propose aux automobilistes, locaux et visiteurs, de rouler librement dans les toutes prochaines années… à l'énergie solaire.

« La Corse sera un des tout premiers territoires nationaux, pour ne pas dire le premier, à réaliser un projet innovant et écologiste qui peut être une belle vitrine de sa capacité d'excellence environnementale »promet Paul Antoniotti, un des trois associés de Corsica Sole, concepteur du projet appelé Driveco.

Un contexte idéal pour rouler propre

Toutes les conditions objectives sont réunies pour la réussite de cette initiative. La Corse est une île, très ensoleillée, qui n'est pas connectée, ou si peu, au Continent pour son alimentation électrique, et de ce fait, elle fait partie des régions qui ont un contenu carbone par kilomètre parcouru plus élevé que partout ailleurs (80 grammes de CO2), là en tout cas où une partie significative de la production électrique a pour origine les centrales nucléaires.

Et puis il y a un contexte très favorable : vu le faible niveau du parc industriel, les pouvoirs publics, État et collectivité territoriale, ont manifesté leur volonté politique de faire de l'île un pôle d'excellence dans le domaine de la transition énergétique et des emplois verts. L'université de Corse s'est elle-même résolument engagée dans cette voie.

Par ailleurs, les différentes études de prospective s'accordent à dire que dans une période de dix à quinze ans, 10 % au moins du parc automobile sera composé de voitures électriques et de voitures hybrides rechargeables.

Voire même davantage si la technologie évolue et si les prix baissent. Il faut donc s'y préparer dès à présent.

Un total de mille bornes de recharge

Le principe du projet Driveco, qui a reçu le label Cap'énergies, est très simple à comprendre : il consiste à doter le territoire insulaire d'un réseau d'ombrières photovoltaïques grâce auquel les voitures électriques pourront recharger leurs batteries par le biais de l'énergie solaire, en trente minutes pour la formule la plus rapide. « Notre objectif est d'installer dans toute l'île, le littoral comme l'intérieur, cinquante de ces ombrières pouvant chacune accueillir d'une à quatre bornes de recharge selon les niveaux de circulation des lieux d'implantation, ce qui représente un total de mille points d'approvisionnement électrique. Et ce, de manière à ce qu'il n'y ait guère plus de 50 km entre deux points de recharge puisque la première source d'inquiétude de ceux qui hésitent à acquérir une voiture électrique, c'est de tomber en panne. Pour les usagers locaux, particulièrement ceux qui ont une résidence individuelle, il s'agit, bien sûr, d'un dispositif de complément puisqu'ils ont la possibilité de recharger les batteries chez eux. Mais c'est très attractif pour les milliers de touristes qui pourront sillonner la Corse à bord de voitures électriques. C'est la raison pour laquelle nous avons choisi pour partenaire une société de location de voitures, mais d'autres sont susceptibles de s'adosser au projet à l'avenir… »

Dans cette optique, les ombrières seront installées, outre évidemment les villes et les petites communes rurales du littoral et de montagne, dans des endroits stratégiques : les aires de stationnement des plages et des hypermarchés, les carrefours routiers les plus fréquentés, les sites touristiques, les ports de plaisance, etc.

Un test grandeur nature en 2013

Corsica Sole a pensé le design de ces ombrières écologiques de 120 m2, réalisées entièrement en bois, repérables la nuit par un jeu de lumières. Elles pourront accueillir simultanément un maximum de huit véhicules électriques. Les câbles seront enchâssés dans les piliers qui pourront également abriter à leur sommet des batteries de stockage d'énergie phovoltaïque. Il faudra pour chacune obtenir un permis de construire, et les premiers maires contactés prêtent à l'initiative une oreille particulièrement bienveillante.

Mais Corsica Sole ne veut pas brûler les étapes. D'abord, il lui faut désigner l'entreprise qui va construire l'ombrière prototype (un marché a été lancé et le choix est imminent). Ensuite, dans le courant de l'année prochaine, elle va superviser un test « grandeur nature » sur le plus classique des itinéraires : Bastia - Corte - Ajaccio. « On a bien évidemment besoin d'un retour d'expérience sur le terrain pour voir ce qui fonctionne et ce qu'il convient d'améliorer ».

Si tout se passe bien, les 50 ombrières seront progressivement installées les deux années suivantes. « Fin 2015, nous espérons pouvoir dire que la Corse est la première région à déployer une solution de mobilité électrique grâce à l'énergie solaire à l'échelle d'un territoire ».

Dans une dernière phase, lorsque le concept aura fait ses preuves, il sera proposé à d'autres îles de la Méditerranée, Chypre, Malte, Grèce, etc., ainsi qu'aux territoires non connectés dont l'impact carbone est élevé, les pays du Maghreb, la République Tchèque, l'Estonie…

La Corse peut miser plus avantageusement que jamais sur le soleil, même s'il ne brille pas tous les jours sur son actualité.

«DRIVECO est un projet qui a été estimé à 25 millions d'euros. Corsica Sole en autofinance une partie à travers la gestion de ses stations agricoles. S'agissant d'innovation, la société bénéficie du soutien du crédit d'impôt recherche et du soutien de l'ADEC, l'Agence de développement économique de la Corse, à travers son incubateur.»