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« L'innovation peut naître partout à condition d'être stimulée »

AEF info publie une interview de Patrick VALVERDE, président de Retis. Il commente notamment le plan innovation présenté par Fleur PELLERIN, ministre déléguée chargée des PME, de l'Innovation et de l'Économie numérique, qu'il juge « plutôt positif », notamment parce que l'innovation est désormais « reconnue comme moteur du développement économique ».

Interview réalisée par Julien Jankowiak le 22 novembre 2013 et reproduite avec l'aimable autorisation d'AEF

AEF : Que pensez-vous du plan « une nouvelle donne pour innovation » présenté par Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des PME, de l'Innovation et de l'Économie numérique début novembre ?

Patrick Valverde : Mon sentiment est plutôt positif à l'égard de ce rapport. Nous nous retrouvons à travers deux ou trois points qui nous paraissent fondamentaux. Enfin, l'innovation est reconnue comme moteur du développement économique. La politique de recherche, la mise en place de filières sont évidemment très importantes mais l'innovation en tant que telle l'est également. De la même manière, le rôle des écosystèmes est bien mis en avant dans le rapport, ce qui nous semble pertinent, tout comme la notion de territoire et le lien entre l'État, les régions et les futures métropoles. L'innovation peut naître partout à condition d'être stimulée. Pour ce faire, il est aussi important d'établir des croisements entre les disciplines sur chaque territoire que de concentrer des financements sur des thématiques scientifiques. Par ailleurs, la question de l'accompagnement des entreprises est également bien mise en valeur dans le rapport et notamment le rôle des ETI (entreprises de taille intermédiaire), qui doivent contribuer à aider les PME par des prises de participation que les grands groupes n'assurent pas toujours. Il reste encore beaucoup de choses à faire dans ce domaine. Globalement, ce plan est une base non négligeable, qui intègre en plus les meilleures préconisations des travaux de la commission Lauvergeon ou de Jean-Luc Beylat et Pierre Tambourin.

AEF : Le 24 octobre 2013, Retis⁽¹⁾, le club des pôles mondiaux, Capintech et France Clusters ont lancé une plate-forme de coordination des acteurs de l'innovation en France. Quel est l'objectif fixé ?

Patrick Valverde : Nous sommes convaincus de l'importance des écosystèmes et nos réseaux respectifs sont au coeur de l'innovation. La rencontre s'est donc faite naturellement. Nous avons des interlocuteurs communs (systèmes productifs locaux, grappes d'entreprises, pôles de compétitivité) et nos points communs mériteraient un affichage commun. Comme toute entité, nous avons besoin d'être écouté. La première étape est donc de nous organiser pour réfléchir et réagir collectivement aux différentes propositions du gouvernement ou d'autres acteurs. Par ailleurs, nous allons échanger en interne sur un certain nombre de bonnes pratiques et sur une meilleure articulation entre nos différentes structures. Enfin, nous devons nous faire connaître davantage et montrer que nous sommes des professionnels de l'innovation. Pour ce faire, nous pourrions lancer un site internet, un portail partagé qui présenterait nos structures et notre ambition. Concrètement, nous allons nous rencontrer tous les trois mois pour discuter et mener des actions de lobbying.

AEF : Lors des assises de l'enseignement supérieur et de la recherche, Retis demandait « la révision du périmètre et du mode de fonctionnement des Satt ». Quel est votre sentiment aujourd'hui ?

Patrick Valverde : Le modèle est en train de s'ajuster et je préfère donner du crédit à la suite des opérations ! Des partenariats et des conventions sont signées un peu partout entre les Satt et les acteurs locaux, cela prend forme, il y a davantage de coopération avec les pôles de compétitivité et les CEEI (centres européens d'entreprise et d'innovation), etc. En termes d'articulation sur le territoire, il semblerait que la partie « qui fait quoi » se décante peu à peu.

AEF : Quels chantiers avez-vous menés depuis votre arrivée à la présidence de Retis, en juillet 2012 ? Et de quelle manière souhaiteriez-vous faire évoluer le réseau en 2014 ?

Patrick Valverde : Nous comptons environ 100 adhérents et disposons d'un budget annuel de 350 000 euros. L'idée est de rester sur une structure relativement ramassée. Nous avons essayé de retravailler et d'approfondir la notion de réseau en allant voir nos membres pour comprendre leurs besoins. La raréfaction de l'argent public et cette période de morosité ont tendance à isoler les acteurs de l'innovation. Nous voulons donc resserrer les liens, développer les interactions entre nos membres et lancer des pistes de réflexion. Ensuite, nous avons remis en place un programme de formation professionnalisante et qualifiantet que nous allons continuer à développer en 2014 en l'ouvrant à davantage d'acteurs. L'idée est d'essayer de bâtir un référentiel sur les métiers de l'innovation. En outre, nous allons relancer l'événementiel et tâcher de communiquer davantage. Nous allons également poursuivre notre projet YEI ('young entrepreneur initiative') qui est un programme d'accompagnement vers la France de start-up innovantes américaines (quinze par an). Il est financé en partie par le ministère des Affaires étrangères et entend favoriser la création de jeunes pousses innovantes sur le territoire français par des entrepreneurs et talents résidant aux États-Unis.

⁽¹⁾ Issu du rapprochement de France technopoles entreprises innovation et de France incubation en 2006, le réseau Retis rassemble des technopoles, des incubateurs, des Centres européens d'entreprises et d'innovation et des pôles de compétitivité. Il a pour « vocation de faciliter les échanges entre membres régionaux et partenaires nationaux, de stimuler la compétitivité des entreprises et la création d'emplois, renforçant ainsi l'attractivité des territoires et le rayonnement international de la France ».